Un automne tant attendu.
On en a tant écrit sur l’automne
qu’il est inutile d’en rajouter.
On en a tant dit sur l’été finissant
Qu’il est inopportun de parodier.
Et pourtant !
Pourtant, cet automne-là
n’arrivait pas à arriver.
Et pourtant !
Pourtant cet été-là
N’en finissait pas de s’en aller.
Les arbres en fleurs
Ressemblaient à des bouquets de coquelicots.
Les saules pleureurs
Verdissaient à tous vents tout au long du ruisseau.
Les oiseaux migrateurs
tardaient à s’envoler
Et les quelques chasseurs
se mirent à rêvasser.
Les pucerons dansaient avec les coccinelles.
Les moucherons invitaient les hirondelles.
Les étoiles brillèrent alors jour et nuit.
Les lucioles ravies furent de la partie.
Le jour était sans fin et la nuit était claire.
Dans le ciel lumineux brillaient de beaux éclairs.
La brume du matin voilait peu l’horizon.
Les cloches au lointain tintaient à l’unisson.
Les enfants attendaient leur cartable à la main
Que le maître d’école leur permette d’entrer.
Mais le signal donné par le coq du voisin
Tardait cet automne-là à claironner.
Tout semblait s’arrêter au beau milieu du pré.
Le peintre y avait installé son chevalet.
Pinceau en main, il allait immortaliser
Pervenches et muguets, colchiques et bleuets.
Mais la scène immortelle était dans la nature ;
Inutile alors de la peindre, ça c’est sûr !
Avait-on inventé la machine à arrêter le temps ?
Le temps de s’arrêter, d’aimer et de rêver.
Le temps de rire, de dire et de sourire.
Le temps d’avoir le temps…
Et pourtant !
Huguette Wolf
Poème édité dans le Recueil "Cours-y vite, il va filer"