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GINETTE MAUR
Ginette Maur est membre du Groupe Poétique François Villon et
membre d'honneur de l'Association Le Jardin des Poètes François Villon de La Petite Pierre.
Elle écrit de nombreux poèmes et a publié de nombreux recueils.

La récré

Des rangées de marronniers,
Une maison dessinée
Sur la terre gravelée
Et le camp des prisonniers ;

Les enfants courent et rient ;
Les maîtresses dans un coin
Les surveillent avec soin ;
A la corde, comme on crie !

Tous les ballons sont sortis…
Mais la cloche retentit
Alors l’essaim se regroupe ;

Et chacune, jusqu’au soir,
Reprend en petites troupes
Le chemin vers le savoir.

Ginette Maur

 

Juste un grain ...

Il y a toujours sous d'épais nuages
Un grand soleil clair prêt à resurgir ...
Il y a toujours après les orages
Un beau temps tout chaud à faire rougir ...

Il y a toujours un ciel bleu étrange
Au bout du tunnel le plus long et noir;
Un ciel habité par quelque mésange,
Par quelque hirondelle, va-t-en savoir...

Il y a toujours après les souffrances,
Après la misère, après le chagrin,
Un germe de joie, un grain d'espérance,
Un grain de bonheur, même juste un grain ...

Ginette MAUR

 

Mes souvenirs

Aujourd’hui j’ ai trié
Tous les anciens desseins de mon destin
J’ai enfermé dans un carton
Mes projets avortés
Mes rêves envolés
Mes désirs inassouvis,
« Tous mes actes manqués »
Mes échecs, mes regrets,
La robe de mariée
Blanche de pureté
Que je n’ai pas portée
Le voyage à Moscou
Quand nous croyions beaucoup
Aux lendemains heureux
Paradis à nos yeux
Ces espoirs du passé
A jamais effacés

Puis j’ai mis le carton
Au pilon de l’oubli
Au désintégrateur

Bien sûr, j’ai conservé
Tous mes petits bonheurs,
Mes joies, mes réussites
Mes instants merveilleux
Qui m’ont portée aux cieux
Toutes mers jouissances
Mes instants de puissance
Je les ai encadrés
Je les ai affichés
Les ai mis en valeur
Comme un bouquet de fleurs
Je les ai sous les yeux
Pour quand je suis en rage
Pour quand je perds courage
Et vite je me sens mieux
Et je reprends espoir
Je souris.

Ginette Maur

 

Le nom

J’ai pas d’ pseudo, c’est lamentable !
Mon nom d’poèt’, c’est l’véritable.
J’aurai pu prendr’ celui d’mon père,
Sosie parfait d’anciens trouvères :
Y a eu aut’fois Jean de Régnier,
Y a eu Henri, au siècl’ dernier,
Tous deux munis de particules,
Et Mathurin en Majuscule.
Eh ! bien ! faisant fi d’ces gens-là,
J’n’ai pas gardé l’nom d’mon papa.
M.A.U.R. c’est mon mari
Comme l’saint dont l’t’ait pas sorti.
Las ! il se perd, not nom d’famille :
A mon regret, j’ n’ai fait qu’ des filles.
Papa Maur, j’vous en d’mand’ pardon,
Tout’s trois ont fait un beau garçon,
Mais ils ne portent pas vot’ nom.
C’est p’têt’ moi qui l’ferai connaître
En signant mes œuvres de poètes.

Mais l’important, c’ est la tendresse
Qui nous unit, que rien n’agresse !
mes enfants, me donnebt point d’souci
Mes deux gendr’s sont vraiment mes fils.
J’suis leur bell’ doch’ mais sans m’tromper,
Ils ont pour moi de l’amitié.
Puis, j’ai mes p’tits, trois gars, deux filles ;
Chaqu’ couple a fait une belle famille ;
Et pour tout dire, pour moi aussi,
Cinq fois grand-mère, c’est l’Paradis !

Ginette Maur

 

Est-il possible ?

Est-il possible, Terre que j’aime,
de parler de tes fleurs
de tes mers de tes sources
parler de tes nues bleues
du coucher du soleil
de ton ciel étoilé
et d’oublier tes plaies
tes forêts dévastées
tes ordures entassées
d’oublier tes déchets
qui peu à peu t’étouffent…

Est-il possible, Terre que j’aime,
de parler des oiseaux
qui enchantent tes nues
de parler du grand cerf
qui brame dans tes bois
du petit écureuil
du lion majestueux
du cheval du jaguar
et des alligators
d’oublier le dodo
et d’autres animaux
à jamais disparus
quand l’éléphant le tigre
et tant d’autres espèces
et tant d’autres merveilles
bientôt ne seront plus…

Est-il possible, Terre que j’aime,
de parler de tes hommes
des femmes des enfants
de chanter leurs amours
de chanter leur vaillance
de parler de leurs dons
de clamer haut et fort
leur civilisation
leurs réalisations
et de les magnifier
oubliant leur folie
et leur égocentrisme
leur intérêt voyeur
pour des insignifiances
et leur indifférence
aux pires malheurs des autres
leurs guerres incessantes…

Je ne saurai, Terre que j’aime,
oublier tes faiblesses
ne voir que ta beauté
et me gargariser
de tout’s les joies du monde
tout en fermant les yeux
aux détresses immondes.

Ginette Maur

 

LE MENDIANT

Il n’avait fallu qu’un instant
Pour basculer son existence.
Devenait-il incompétent ?
Ou avait-il perdu la chance ?

Il n’avait pas fallu longtemps.
La société, sans indulgence,
L’avait jeté, d’un air distant,
Comme un objet sans importance.

Il lui a fallu peu de temps
Pour tomber de son arrogance
Et de l’orgueil de ses vingt ans
Jusqu’au pavé de l’indigence !

ll lui en a fallu du temps
Pour accepter sa déchéance,
Se soumettant, se révoltant,
Ne rencontrant qu’indifférence.

Combien a-t-il fallu de temps
Pour vaincre enfin ses répugnances
A devenir inconsistant
Et apprendre la déférence ?

Il lui a fallu bien du temps
Et quelle indicible souffrance
Pour tendre un béret hésitant
Au mépris et à l’insouciance.

Il faudrait maintenant longtemps
Pour qu’il retrouve sa confiance,
Pour qu’il redevienne un battant,
Qu’il oublie sa désespérance.

Oh ! Combien faudra-t-il de temps
Pour que tous les mendiants de France
S’exaltent d’un nouveau printemps
De vie, d’espoir et d’assurance ?

Ginette MAUR

MENDIANT

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