Rhapsody in blue
Carpe Diem ! Il pleut ce soir sur Lutzelbourg,
il pleut ce soir dans l’Univers, et c’est l’automne
d’Alsace et de Lorraine et du Saarland c’est sûr,
carpe diem, ô carpes bleues sur papier blanc…
Maman Sylvie vous peignit bleus avec sagesse
pour mettre un peu de bleu dans l’œil de nos cerveaux,
dans l’œil de la mémoire où se cache un soleil
d’été en plein hiver et le chemin d’un vieux village.
Alors ô carpes amies dites-nous, dites-nous
d’où donc nous venez-vous ce soir dans notre espace,
est-ce des profondeurs de l’Etre ou du Néant
ou bien de la hauteur des toits de Lutzelbourg ?
Vous êtes dans le blanc ô filles des hauteurs !
maman Sylvie le sait et son Jérôme aussi
car Jérôme est pêcheur de carpes dans les lacs
et Sylvie pêche aussi des carpes dans le ciel.
Il pleut ce soir sur Lutzelbourg ô carpes bleues
sœurs des oiseaux bavards et des roses de l’aube
espionnes du Grand Vent, vous nous regardez vivre
notre vie de fourmi jusqu’au Grand Samedi…
Ô carpes des hauteurs qui sont des profondeurs
que regardez-vous donc ? est-ce le pharmacien
près de la banque à Lutzelbourg, près des Muller
qui reçoivent chez eux rimeurs et musiciens ?
A quoi pensez-vous donc, ô carpes des hauteurs,
carpes à deux, carpes du blanc, carpes du Temps,
qui nous mélange tout : l’Alsace et la Lorraine,
l’Alsace et le Japon, l’Alsace et le Saarland…
Regardez bien, regardez bien ! Tous les passants
des rues de Lutzelbourg, de Sarrebrück, ou d’ailleurs,
nous sommes les humains avec des mains qui cherchent
le do majeur du chant rythmé par le Cantor…
O carpes de Jean-Sébastien Bach assis à l’orgue
et déclenchant le flot des notes sidérales,
vous montez avec lui vers cet autre pays
où des anges réels tissent des arcs-en-ciel,
Et vous nous emmenez un peu plus loin qu’ici,
avec Sylvie, avec Jérôme, avec Iris, avec Solange,
avec Dolly et tous les autres chercheurs d’or
vers le Bonheur sans fin qui chante dans l’Espace.
Alain GREINER
Année 2005